Vendredi 01/11/2019

Ven 01 Nov 2019 : Roy Ayers
Roy Ayers
Vibraphone, Voix
Trevor Allen
Basse, Voix
Mark Adams
Claviers
Christopher De Carmine
Batterie

Roy Ayers

Le groove canonisé
FunkJazzSoul

Le jazz fusion, c'est lui. Mille fois samplé, l'auteur du tube « Everybody Loves the Sunshine » a inventé des échappées hédonistes aux musiques afro-américaines.

Au Montreux Jazz 2014, on rencontre Pharrell Williams, tête d'affiche du festival. Couronné par le single « Happy », le golden boy pop fait d'abord la moue alors qu'on l'interroge. Soudain, alors qu'il est question de ses héros, voilà qu'il s'anime net: « Roy Ayers, c'est le maître! Depuis des années j'étudie son groove et ses arrangements. J'ai beau essayer de comprendre comment il a créé un truc comme Running Away, ça m'échappe encore. »

Auteur de quelque 90 albums en cinquante ans de carrière, créateur d'une série de tubes follement efficaces, comme « We Live in Brooklyn, Baby » (1972), l'art du Californien a également fait l'objet d'une multitude de samples. Combien? Même le vibraphoniste, 78 ans cette année, ne tient plus les comptes. « Je trouve merveilleux le désir que suscite toujours ma musique chez la jeune génération, balaie-t-il sobrement. Voir mon travail constamment utilisé, décennie après décennie, me fait sans cesse gagner en popularité, et c'est tout ce qui m'importe. »

A l'instar de l'art d'un James Brown, l'oeuvre de Roy Ayers est ce socle sur lequel s'appuient le hip-hop et ses satellites depuis trente ans. Samplé, cité ou invité par Dr. Dre et A Tribe Called Quest, Mary J. Blige et Erykah Badu, Notorious B.I.G ou Kendrick Lamar, son répertoire est aussi à l'origine des fusions esthétiques opérées par l'acid jazz londonien à la toute fin des années 1980.

Le vibraphone devenu cool
« Roy incarne le trait d'union entre le jazz, la soul, le disco et le hip-hop, résume le DJ suisse Gilles Peterson qui, au jour d'un anniversaire du maître, en septembre 2015, lui consacrait un mix spécial sur l'antenne de BBC Radio 6. Il est l'auteur d'expérimentations musicales décisives qui font de lui l'un des créateurs les plus importants de la seconde moitié du XXe siècle. »

L'intéressé peut bien se savoir toujours canonisé des deux côtés de l'Atlantique par des fans en âge d'être ses petits-enfants, chez lui, pas d'emballement pour autant. «Etre en bonne santé, capable de respirer et d'éprouver de la joie, c'est pour moi le plus grand des cadeaux», dit humblement Ayers, dont il faut rappeler l'un des exploits: avoir rendu le vibraphone cool. « Et en plus, poursuit-il, amusé, je possède encore le don d'en jouer et de rendre les gens heureux. »

Qui que vous soyez, une oreille jetée aux monuments « Everybody Loves the Sunshine » (1976) ou « Love Will Bring Us Back Together Again » (1979) suffit toujours à vous faire chavirer. Moins parce que le maestro sait inoculer à des compositions claires une sensualité qui convoque sitôt la langueur ou la chair que parce que son savoir-faire consiste à emprunter au jazz, à la soul et à la pop leurs dynamiques les plus immédiatement efficaces. « Quand j'ai évolué depuis le be-bop vers le jazz fusion à la fin des sixties, les puristes m'ont reproché de devenir commercial, se souvient-il. Moi, je savais qu'en opérant ces mélanges nouveaux j'allais pouvoir toucher un plus large public. »

Groover jusqu'à la fin
En 1969, il lançait l'ensemble « Ubiquity », explorant un territoire protéiforme aux synthèses parfois géniales - ou quelquefois cosmétiques. De cette épopée vécue sur fond de disco et durant laquelle la musique populaire afro-américaine s'inventait des reliefs clinquants ou bagarreurs, cet intime de Stevie Wonder devait laisser un héritage écrasant articulé entre tubes positifs (« Searchin' », 1976), participations à la vague Blaxploitation (Coffy, 1973) ou manifeste panafricaniste (Music of Many Colors avec Fela Kuti, 1980).

Depuis? Grâce à l'ampleur de son legs, il a été invité à la manière d'un savant parrain chez The Roots ou Tyler, The Creator. «Je refuse de prendre ma retraite tant que je peux encore chanter et groover, déclare-t-il. Je veux jouer jusqu'à ma mort, comme Lionel Hampton.» En 1945, à l'issue d'un concert, le « Lion » lui avait offert une paire de
de baguettes d'harmonium. Roy Ayers avait 5 ans. » (Le Temps)

= Ils en parlent =
« Les amateurs de jazz l'estiment pour avoir participé à l'enregistrement de Memphis Underground, au côté du flûtiste Herbie Mann, en 1969. Les fans de funk le vénèrent pour avoir signé en 1976 « Everybody Loves The Sunshine », considéré comme un classique de la black music, et au-delà. Nous, on a un faible pour son morceau Tarzan, longtemps resté dans un tiroir, et exhumé sur l'épatante compilation « Virgin Ubiquity II, Unreleased Recordings 1976-1981 ». Largement samplé par les producteurs hip-hop et house, le chanteur et vibraphoniste Roy Ayers, 75 ans, fait escale à Paris. Sa voix n'est plus aussi assurée... mais sa musique est toujours solaire. » (E.Perron, Télérama)

Production : New Morning

Le jazz fusion, c'est lui. Mille fois samplé, l'auteur du tube « Everybody Loves the Sunshine » a inventé des échappées hédonistes aux musiques afro-américaines.

Au Montreux Jazz 2014, on rencontre Pharrell Williams, tête d'affiche du festival. Couronné par le single « Happy », le golden boy pop fait d'abord la moue alors qu'on l'interroge. Soudain, alors qu'il est question de ses héros, voilà qu'il s'anime net: « Roy Ayers, c'est le maître! Depuis des années j'étudie son groove et ses arrangements. J'ai beau essayer de comprendre comment il a créé un truc comme Running Away, ça m'échappe encore. »

Auteur de quelque 90 albums en cinquante ans de carrière, créateur d'une série de tubes follement efficaces, comme « We Live in Brooklyn, Baby » (1972), l'art du Californien a également fait l'objet d'une multitude de samples. Combien? Même le vibraphoniste, 78 ans cette année, ne tient plus les comptes. « Je trouve merveilleux le désir que suscite toujours ma musique chez la jeune génération, balaie-t-il sobrement. Voir mon travail constamment utilisé, décennie après décennie, me fait sans cesse gagner en popularité, et c'est tout ce qui m'importe. »

A l'instar de l'art d'un James Brown, l'oeuvre de Roy Ayers est ce socle sur lequel s'appuient le hip-hop et ses satellites depuis trente ans. Samplé, cité ou invité par Dr. Dre et A Tribe Called Quest, Mary J. Blige et Erykah Badu, Notorious B.I.G ou Kendrick Lamar, son répertoire est aussi à l'origine des fusions esthétiques opérées par l'acid jazz londonien à la toute fin des années 1980.

Le vibraphone devenu cool
« Roy incarne le trait d'union entre le jazz, la soul, le disco et le hip-hop, résume le DJ suisse Gilles Peterson qui, au jour d'un anniversaire du maître, en septembre 2015, lui consacrait un mix spécial sur l'antenne de BBC Radio 6. Il est l'auteur d'expérimentations musicales décisives qui font de lui l'un des créateurs les plus importants de la seconde moitié du XXe siècle. »

L'intéressé peut bien se savoir toujours canonisé des deux côtés de l'Atlantique par des fans en âge d'être ses petits-enfants, chez lui, pas d'emballement pour autant. «Etre en bonne santé, capable de respirer et d'éprouver de la joie, c'est pour moi le plus grand des cadeaux», dit humblement Ayers, dont il faut rappeler l'un des exploits: avoir rendu le vibraphone cool. « Et en plus, poursuit-il, amusé, je possède encore le don d'en jouer et de rendre les gens heureux. »

Qui que vous soyez, une oreille jetée aux monuments « Everybody Loves the Sunshine » (1976) ou « Love Will Bring Us Back Together Again » (1979) suffit toujours à vous faire chavirer. Moins parce que le maestro sait inoculer à des compositions claires une sensualité qui convoque sitôt la langueur ou la chair que parce que son savoir-faire consiste à emprunter au jazz, à la soul et à la pop leurs dynamiques les plus immédiatement efficaces. « Quand j'ai évolué depuis le be-bop vers le jazz fusion à la fin des sixties, les puristes m'ont reproché de devenir commercial, se souvient-il. Moi, je savais qu'en opérant ces mélanges nouveaux j'allais pouvoir toucher un plus large public. »

Groover jusqu'à la fin
En 1969, il lançait l'ensemble « Ubiquity », explorant un territoire protéiforme aux synthèses parfois géniales - ou quelquefois cosmétiques. De cette épopée vécue sur fond de disco et durant laquelle la musique populaire afro-américaine s'inventait des reliefs clinquants ou bagarreurs, cet intime de Stevie Wonder devait laisser un héritage écrasant articulé entre tubes positifs (« Searchin' », 1976), participations à la vague Blaxploitation (Coffy, 1973) ou manifeste panafricaniste (Music of Many Colors avec Fela Kuti, 1980).

Depuis? Grâce à l'ampleur de son legs, il a été invité à la manière d'un savant parrain chez The Roots ou Tyler, The Creator. «Je refuse de prendre ma retraite tant que je peux encore chanter et groover, déclare-t-il. Je veux jouer jusqu'à ma mort, comme Lionel Hampton.» En 1945, à l'issue d'un concert, le « Lion » lui avait offert une paire de
de baguettes d'harmonium. Roy Ayers avait 5 ans. » (Le Temps)

= Ils en parlent =
« Les amateurs de jazz l'estiment pour avoir participé à l'enregistrement de Memphis Underground, au côté du flûtiste Herbie Mann, en 1969. Les fans de funk le vénèrent pour avoir signé en 1976 « Everybody Loves The Sunshine », considéré comme un classique de la black music, et au-delà. Nous, on a un faible pour son morceau Tarzan, longtemps resté dans un tiroir, et exhumé sur l'épatante compilation « Virgin Ubiquity II, Unreleased Recordings 1976-1981 ». Largement samplé par les producteurs hip-hop et house, le chanteur et vibraphoniste Roy Ayers, 75 ans, fait escale à Paris. Sa voix n'est plus aussi assurée... mais sa musique est toujours solaire. » (E.Perron, Télérama)


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